La chaleur autour de la mise-bas permet de sauver 0,3 porcelets

Dorthe Poulsgård Frandsen
SEGES, Pig research centre (Centre danois pour la recherche porcine)
[email protected]

 

Résumé

De la chaleur supplémentaire dans la période entourant la mise-bas augmente significativement la température rectale des porcelets pesant 900 gr ou moins. La température rectale constitue un indicateur des chances de survie des porcelets. Autrement dit, plus la température corporelle est supérieure à la température critique minimale, meilleures sont les chances de survie.

 

L’effet de la chaleur supplémentaire a été étudié en installant deux chauffages sur la paroi latérale d’une case de mise-bas danoise traditionnelle, près de la partie postérieure de la truie. Les porcelets ont été pesés immédiatement après la naissance et la température rectale a été enregistrée pour les porcelets pesant 900 gr ou moins. Un porcelet froid était défini comme un porcelet dont la température rectale était de 35 °C ou moins. Les résultats ont révélé 25 % de porcelets froids dans le groupe témoin vs 16 % dans le groupe d’essai. Il s’agit d’une différence significative (P = 0,28), attestant que 0,28 petits porcelets ont été sauvés dans chaque portée.

 

Une alternative à l’installation d’un chauffage supplémentaire peut être l’apport de paille autour de la truie lors de la mise-bas, ce qui est meilleur marché que des chauffages d’extérieur.

 

Le développement de nouvelles sources de chaleur dégageant un niveau de chaleur identique pour une consommation électrique moindre et présentant une grande fiabilité de fonctionnement permettrait aux producteurs de porcs de réaliser de meilleurs résultats en installant des sources de chaleur supplémentaires des deux côtés des cases de mise-bas.

 

Les premières heures de vie d’un porcelet

À la naissance, les porcelets passent de 38-39 °C dans le ventre de leur mère à 20-22 °C dans la case. Leur température corporelle chute donc de 2 à 4 °C au cours des premières heures [1]. Les réserves énergétiques des porcelets nouveau-nés sont très faibles et il est donc essentiel qu’ils ne consacrent pas toute leur énergie à restaurer leur température corporelle. Si toutes les réserves énergétiques sont dépensées, les porcelets n’auront pas l’énergie requise pour aller téter [2].

 

Les petits porcelets (900 gr ou moins), en particulier, risquent de mourir. Ils représentent environ 15 % [2] de l’ensemble des porcelets nés dans les élevages danois et dans la mesure où faible poids de naissance signifie faible survie, ce groupe est particulièrement vulnérable [3]. Une température élevée autour de la truie/des porcelets immédiatement après la naissance permet aux porcelets de ne pas trop refroidir et de ne pas dépenser leurs réserves énergétiques pour restaurer leur température corporelle.

 

Plus les alentours sont froids, plus la chute de température corporelle des petits porcelets est importante. Les porcelets restent derrière la truie pendant six minutes en moyenne après la naissance [4] et demeurent à sa proximité pendant les premiers jours suivant la naissance.
En conséquence, les porcelets nouveau-nés tireront le plus grand bénéfice de la chaleur supplémentaire si la source de chaleur est installée le long des tétines plutôt que derrière la truie.

 

Si un système de chauffage supplémentaire est installé, il est fondamental qu’il n’ait pas un impact négatif sur la truie. Les recommandations danoises concernant la température optimale dans les cases de mise-bas avec un sol en caillebotis partiel sont de 20 à 22 °C de la mise-bas au jour 4, avant un ajustement progressif à 17-18 °C environ 14 jours après la mise-bas. Toutefois, la recherche a montré qu’au cours des 3 premiers jours suivant la mise-bas, les truies se déplacent vers des zones où la température est élevée, lorsque cela est possible [5],[6]. Dans cet essai, les truies ont préféré une température au sol de 35 °C plutôt que respectivement 22 °C et 29 °C, immédiatement après la mise-bas. Cela indique que la truie s’adapte aux températures permettant l’épanouissement des porcelets.

 

Effet de la chaleur supplémentaire

Dans un élevage danois de 1 200 truies, SEGES, le Centre danois pour la recherche porcine, a étudié l’effet de l’installation d’un système de chauffage supplémentaire autour de la truie lors de la mise-bas dans des cases en caillebotis intégral mesurant respectivement 2,70 m x 1,70 m ; 2,60 m x 1,60 m ; ou 2,60 m x 1,50 m (voir figures 1 et 2). Un tapis en caoutchouc était utilisé comme litière dans le réfectoire et des lampes chauffantes (100 W) ou AniHeater (150 W) étaient utilisées dans la zone de mise-bas. Les réfectoires mesuraient 1,20 m x 0,80 m.

Dans la zone de mise-bas, deux sources de chaleur ont été installées dans la moitié des cases (essai) ; l’autre moitié des cases ne comportaient pas de source de chaleur supplémentaire (témoin).

La source de chaleur (= chauffage d’extérieur) était allumée lorsque la présence de lait était observée sur les mamelles des truies. Les chauffages d’extérieur étaient placés sur les parois latérales des cases de mise-bas (voir figures 1 et 2). Les lampes chauffantes dans les réfectoires étaient allumées dans les deux groupes juste avant la mise-bas.

 

Figures 1 and 2. Chauffage d’extérieur placé respectivement du côté gauche et du côté droit d’une case de mise-bas.

Quelle que soit la position du chauffage d’extérieur, une température de 33 à 34 °C a rapidement été atteinte sur une portion assez large du sol en caillebotis (voir figures 3 et 4). Dans les cases témoins (pas de chaleur), les enregistrements indiquaient une température de 20 °C.

 

Figure 3. Chauffage d’extérieur allumé.

 

Figure 4. Image thermographique d’une case de mise-bas où le chauffage d’extérieur est allumé.

 

Les sources de chaleur ont été éteintes après l’enregistrement de la température rectale des plus petits porcelets. Les porcelets nouveau-nés étaient manipulés deux fois par jour : à 5h30 et à 15h30. Dans cet essai, la température rectale a été utilisée comme mesure indirecte des chances de survie d’un porcelet. Les porcelets ayant une température rectale de 35 °C ou moins étaient définis comme un porcelet froid ; les porcelets ayant une température rectale de 37 °C ou plus étaient définis comme un porcelet chaud.

 

L’essai comprenait 148 truies ayant donné naissance à un total de 569 porcelets pesant moins de 900 g. Les résultats ont révélé un pourcentage plus élevé de petits porcelets froids dans les portées nées dans les cases sans chauffage supplémentaire par rapport aux portées nées dans des cases équipées de chauffages d’extérieur (25,2 % vs 16,3 %). La différence est significative (P = 0,028) (voir tableau 1).

 

Tableau 1. Température rectale (médiane) dans le groupe témoin et le groupe d’essai.

 

Les résultats ont également révélé un pourcentage plus élevé de porcelets chauds dans les cases avec chauffage supplémentaire par rapport aux cases sans chauffage supplémentaire (59,2 % vs 36,1 %). Cette différence était significative (P = 0,001).

La chaleur supplémentaire autour de la période entourant la mise-bas a augmenté la température rectale de 0,8 °C en moyenne (de 35,8 °C à 36,6 °C) parmi les porcelets pesant moins de 900 gr à la naissance. La Figure 5 montre la corrélation entre la température rectale et le poids des porcelets.

 

Figure 5. Corrélation entre la température rectale et le poids des porcelets. Groupe 1 = témoin (ligne continue) et groupe 2 = essai (ligne pointillée).

 

Les porcelets inclus dans l’essai pesaient en moyenne 726 gr (voir tableau 1) et il n’était pas observé de différence de poids des porcelets entre les deux groupes. Le plus petit porcelet de l’essai pesait 300 gr et environ 10 % pesaient moins de 500 gr.

 

Taux de survie améliorés grâce à la chaleur supplémentaire

Dans cet élevage, les truies ont donné naissance à 19 porcelets nés vivants/portée en moyenne, et comme un porcelet sur cinq dans les portées pesait 900 g ou moins, chaque portée comportait 3,8 petits porcelets. Cet essai a démontré que la chaleur supplémentaire pour les petits porcelets nouveau-nés diminuait le pourcentage de porcelets ayant une température rectale de 35 °C ou moins de 25 % à 16 %. En conséquence, la température rectale étant un bon indicateur des chances de survie des porcelets, la chaleur supplémentaire autour de la période de la mise-bas peut sauver 0,35 porcelets/portée.

 

La recherche danoise a précédemment montré qu’environ 20 % de l’ensemble des porcelets pesant 1 050 g ou moins à la naissance mouraient dans les 14 jours suivant la naissance. Si ce chiffre est appliqué au présent essai, 0,28 porcelets supplémentaires par portée survivront si une source de chaleur supplémentaire est installée.

 

Il existe également d’autres sources de chaleur pouvant chauffer une partie du sol de la case jusqu’à +30 °C pendant une courte période. La litière utilisée dans la case influence l’augmentation de température potentielle et la surface couverte.

Les estimations montrent que les lampes chauffantes classiques génèrent une chaleur suffisante dans une zone correspondant à 5 cm de diamètre, ce qui n’est clairement pas assez. Le chauffage par panneaux chauffe une surface plus large que les lampes chauffantes, mais il n’est toujours pas suffisant.

 

On peut envisager l’apport de paille derrière la truie pendant la mise-bas plutôt que l’installation d’un système de chauffage. Toutefois, il convient de noter que la paille n’augmente pas en elle-même la température corporelle des porcelets, mais aide les porcelets à rester chauds. Les modèles de calculs montrent que la zone thermo-neutre d’un porcelet de 1 kg est de 26 à 32 °C sur un sol en béton et de 20 à 27 °C sur une litière.

 

Plutôt que d’ajouter de la chaleur, il est également possible d’augmenter la température ambiante par rapport aux 20-22 °C recommandés autour de la mise-bas, car la sensibilité des truies à la chaleur aux jours 0-3 suivant la mise-bas correspond au besoin de chaleur des porcelets [5]. Toutefois, cela implique que toutes les truies d’une salle mettent bas au même moment, afin de ne pas affecter l’appétit/la prise de nourriture des truies et réduire ainsi la production de lait. L’inconvénient de cette méthode est qu’elle augmente le risque que les porcelets n’utilisent pas le réfectoire plus tard pendant la période d’allaitement [7].

 

Références

T. Sørensen, F. Thorup, M.B. Nielsen (2016), Håndtering af kolde grise efter fødsel, Meddelelse nr. 1087, Videnscenter for svineproduktion

F. Thorup, L.H. Diness, M.B. Nielsen, 2016, Ekstra energi ved kuldudjævning forbedrer ikke overlevelsen hos de mindste grise, Videncenter for Svineproduktion, meddelelse 1064

J. Hales (2011), Individual physical characteristics of piglets in farrowing pens, Master Thesis, University of Copenhagen

H. M. -L. Andersen, L.J. Pedersen (2015), Effect of radiant heat at the birth site in farrowing crates on hypothermia and behavior in neonatal piglets. Animal (2016), 10:1 pp. 128-134.

L. J. Pedersen, J. Malmkvist, E. Jørgensen (2007) The use of a heated floor area by sows and piglets in farrowing pens, Applied Animal Behavior Science 103, p. 1-11.

Phillips, P.A., Fraser, D., Pawluczuk, B. (2000) Floor temperature preference of sows at farrowing, Applied Animal Science 67, p. 59-65

L. J. Pedersen,2 J. Malmkvist, T. Kammersgaard, and E. Jørgensen (2013), Avoiding hypothermia in neonatal pigs: Effect of duration of floor heating at different room temperatures, Journal of Animal Science, 2013.91, p 425–432

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